jeudi 17 novembre 2011

Annexe 01 - L'appareil photographique

Tout appareil photographique est une variation autour d’un schéma assez simple dont tous les éléments se sont finalement combinés au cours du 19ème siècle pour ne plus finalement évoluer de manière significative par la suite.

Il est constitué de
  • Une chambre noire (grande dans le cas d’une chambre technique à l’ancienne, minuscule dans le cas de l’appareil photographique de votre téléphone cellulaire)
  • Un dispositif optique (un simple trou dans le cas du sténopé, mais en général un objectif composé d’une ou de plusieurs lentilles)
  • Un dispositif de fixation de l’image (un film dans le cas de la photographie analogique ou un capteur dans le cas de la photographie numérique… mais cela pourrait très bien être le gazon qui blanchit ou verdit ou bien le bronzage et les coups de soleil sur votre peau, et n’importe quel matériau capable de mémoriser la trace de la lumière)
  • Un dispositif de contrôle de la quantité de lumière (normalement un obturateur mécanique… mais jadis il arrivait que le photographe utilise sa casquette)
  • Un dispositif de visée
Cette liste nous permet de faire quelques remarques importantes :
  • Aucun appareil photographique, s’il a été bien conçu n’est « trop vieux »: une chambre technique âgée de plus de cent ans peut très bien être équipée d’un capteur numérique; et la réparation d'un appareil mécanique est une chose très simple comparée à l'obsolescence programmée des modèles numériques
  • Aucun appareil photographique n’est a priori « trop simple » pour faire de bonnes photos: des générations ont photographié avec les Kodak et Agfa box, puis avec les Instamatic et les appareils jetables les nouvelles le font avec leur téléphone cellulaire
Viser
  • Il faut viser / composer, cela fera l’objet de l’article suivant
Vitesse-diaphragme
  • En photographie argentique, deux paramètres doivent être gérés : la vitesse et le diaphragme.
    • Le film (ou le capteur numérique) a besoin d’une certaine quantité de lumière pour produire une image. Pensez donc à l'image comme à une cruche à remplir d'eau.
    • Vous avez le choix, soit de fournir très peu de lumière pendant longtemps (vous laissez couler un fin filet d'eau) soit beaucoup de lumière pendant très peu de temps (vous ouvrez grand le robinet).
    • Le volume de lumière (le débit de votre robinet) à un instant donné se contrôle avec le diaphragme : plus le nombre est grand MOINS il y a de lumière (f16 donne deux fois moins de lumière que f11, qui lui-même donne deux fois moins de lumière que f8) attention, un effet secondaire du diaphragme est la « profondeur de champ ». Plus le nombre F est élevé, plus la profondeur de champ (ce qui est net) est grande.
    • La durée est contrôlée avec l’obturateur : une photo au 1/500ème de seconde elle aussi recevra deux fois moins de lumière qu’une photo au 1/250ème de seconde attention, un effet secondaire de la vitesse est la netteté des objets en mouvement ou celle des objets photographiés par un photographe qui n’est pas parfaitement immobile.
    • Heureusement, la plupart des appareils modernes sont équipés d’une cellule photoélectrique qui va mesurer la quantité de lumière nécessaire et vous proposera, par exemple de faire votre photo au 1/250ème de seconde à f8.
    • Évidemment aussi... il y a très peu de chance pour que votre appareil vous propose de faire votre prochaine photo au 1/250ème et à f8... les calculs qui suivent devront être adaptés en fonction de la situation que vous rencontrerez alors...
Et si ça ne me convient pas ?
  • Peut-être le 1/250ème de seconde n’est-il pas assez rapide (par exemple pour photographier une voiture de course)…
  • Ou bien le f8 proposé va-t-il rendre net un arrière-plan que vous ne voudriez pas voir…
  • Rien ne vous empêche de choisir une autre vitesse, ou un autre diaphragme : vous voulez prendre la même photo au 1/1000ème ? 4 fois plus vite ? Il vous faut donc un diaphragme 4 fois plus ouvert : donc de 8 vous passez à f5.6 et puis encore à f4 (attention, vous l’aurez remarqué, l’échelle des diaphragmes n’est pas proportionnelle).
  • Ou vous voulez augmenter la profondeur de champ et voir en même temps l’avant plan net et le paysage ? Si vous choisissez de photographier à f16 (f8, f11, f16) et donc de laisser passer quatre fois moins de lumière, il vous faut prendre une vitesse quatre fois plus lente et donc au lieu du 1/250ème travailler au 1/60ème.
  • La bonne nouvelle est qu’en général, votre appareil fera ce calcul pour vous et qu’il vous suffira de choisir de modifier la vitesse ou bien le diaphragme pour qu’il adapte automatiquement l’autre paramètre.

Sensibilité, balance des blancs, flash
  • En photographie numérique, deux autres viennent s’y ajouter : la sensibilité (ISO) et la balance des blancs.
    • Le film analogique a une faiblesse par rapport au capteur numérique, c’est qu’il travaille qu’à une seule sensibilité. C’est un avantage en faveur des appareils numériques.
    • Par contre, quand vous voudrez, comme indiqué ci-dessus, contrôler votre profondeur de champ, ou bien la netteté des objets (par exemple si vous avez envie que les véhicules qui passent soient flous), ou même les deux en même temps… il est important de mettre la sensibilité (ISO) en mode fixe (par exemple à 100 ISO) et ne pas laisser l’appareil décider lui-même de cette sensibilité.
    • De même, le film analogique réagit d’une certaine manière à chaque type d’éclairage : les couleurs seront naturelles à la lumière du soleil mais seront fortement orange, bleues ou vertes avec certains éclairages artificiels la neige au petit matin est, elle, franchement bleue…
    • En général, et c’est à nouveau un avantage du numérique, vous pourrez laisser la balance des blancs en mode automatique mais dans certains cas particuliers (par exemple pour photographier le bleu de la neige) il pourrait être utile de désactiver cette balance des blancs et décider vous-même du bon traitement des couleurs.

  • Pour en finir avec la lumière : le flash
    • Puisque votre capteur/film a besoin d’une certaine quantité de lumière, vous serez peut-être tenté par l’utilisation du flash.
    • Attention, celui qui fait partie de votre appareil est bien un « flash d’appoint ». Il n’est pas fait pour photographier un animal à 50m de vous dans la nuit noire… Il n’est même pas fait pour photographier la bande de dix copains qui se tiennent à 5m de vous…
    • Par contre, et c’est bien là que vous ne penserez pas à l’utiliser, il est tout à fait adapté à éclairer le visage de votre sujet alors que celui-ci est, le soleil dans le dos, devant un paysage éclatant de lumière… Ou à lui donner un peu de couleur quand le ciel en manque vraiment trop. Dans ces deux cas, essayez avec et sans flash… vous verrez bien quelle photo vous garderez.
Quelle focale ?
  • L’objectif que vous allez utiliser est primordial :
    • Sur des appareils de conception récente, il est presque certain qu’il s’agira d’un zoom : un objectif à focale variable (celui qui permet de photographier de près ET de loin)
    • Attention, certains appareils compacts, ou les téléphones cellulaires, vous offrent parfois un « zoom numérique ». L’image captée par l’appareil reste la même (en général petite et mauvaise), et l’appareil va « zoomer » dans cette image. N’utilisez JAMAIS le zoom numérique. Si vous devez recadrer, faites le calmement par la suite devant votre ordinateur.
    • Sur les appareils plus simples et sur les anciens appareils, il s’agira d’une focale fixe (on ne peut pas zoomer) interchangeable ou pas (certains appareils acceptent des objectifs différents, dans d’autres – et pas nécessairement les moins perfectionnés – l’objectif est définitivement fixé à l’appareil).

  • Choisir sa focale :
    • Il ne suffit pas de zoomer, et de cadrer aux bonnes dimensions pour obtenir la bonne photo
    • Une focale « normale » (50mm en 24x36, 35mm pour la plupart des capteurs numériques, 80mm en 6x6) est en principe la plus adaptée à rendre compte de ce que vous voyez.
    • Un téléobjectif (à partir de deux fois la focale normale) va vous permettre de photographier de plus loin, mais il va aussi « écraser » les plans (une rue vous paraîtra par exemple beaucoup plus courte quand elle est photographiée au téléobjectif)
    • Un grand-angle (en dessous de la focale normale jusqu’à sa moitié, au-delà, on parle de super-grand angle) va vous permettre de photographier plus large, et donc éventuellement de vous rapprocher de votre sujet, mais il va aussi gonfler ce qui est près tout en diminuant fortement ce qui est éloigné (la rue vous paraîtra beaucoup plus longue)
    • Les trois types de focale vous permettront de réaliser exactement le même cadrage pour autant que vous vous teniez à des distances différentes… vous avez donc bien le choix d’avancer/reculer ou bien de zoomer/dé-zoomer.
    • Chacun a ses effets optiques propres qui seront dans un cas un avantage et dans l’autre inacceptables : un portrait pris de très près avec un grand angle ou même une focale normale va faire un gros nez à votre sujet, choisissez plutôt un petit téléobjectif, ou de zoomer légèrement pour « aplatir » le visage… Un grand angulaire va le plus souvent déformer les courbes dans les objets proches, mais cela peut éventuellement donner des effets graphiques intéressants.
Je n’ai rien compris !
  • Point par point, paragraphe par paragraphe, relisez ce qui précède… pas nécessairement tout de suite, mais éventuellement dans quelques jours ou semaines…
  • Je ne comprends pas grand-chose au fonctionnement de ma voiture, mais je suis quand même capable de la conduire sans accident d’un point A à un point B. Peut-être n’avez-vous pas vraiment besoin d’une explication technique sur le fonctionnement d’un appareil photographique ?
  • Et si vous vous posiez la question le jour où vous en avez besoin ? La meilleure manière de comprendre comment fonctionnent les choses, n’est-elle pas de les expérimenter ? Vous savez ce à quoi vous devez veiller (focale, diaphragme, vitesse, sensibilité, balance des blancs,…) : savez-vous que ce sont des paramètres que votre appareil photographique numérique enregistre en même temps que la photo ? Cherchez les propriétés EXIF de votre image… et elle vous permettra d’analyser certains éléments à tête reposée… éventuellement avec l’aide de quelqu’un qui aurait une meilleure compréhension du sujet.
  • Et si tout simplement vous utilisiez un appareil plus simple… La photographie, ce n’est pas nécessairement se préoccuper tout le temps et toujours de son appareil…
  • La bonne nouvelle ? Si vous avez compris, et intégré tout ce qui précède... vous avez compris 95% de la technique photographique. Le reste n'est finalement que variation autour de quelques principes bien simples...


Suites

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Ex journaliste, informaticien, Ecolo, photographe, belge, bedonnant, grisonnant, polyglotte, passant quotidiennement trop heures derrière mon volant. Vous en voulez encore? Parlons plutôt photographie!