Dès les premiers essais, ces nouvelles technologies m’ont confrontée à une temporalité inédite. Dans la pratique de la photographie argentique, le temps est dilaté et le travail se fait en aveugle. Au moment de la prise de vue, on déclenche sans (sa)voir véritablement ce qu’on a pris ; au terme du développement, on obtient un négatif, où l’image se dérobe encore à la vue. Le processus se déroule dans l’obscurité d’une chambre noire, celle de l’appareil ou du laboratoire. Et d’un bout à l’autre, l’opérateur est soit dans l'anticipation, soit dans la perte d'une image qui, finalement, échappe toujours à la vue.
À l'inverse, c’est la quasi simultanéité des opérations de prise de vue, de stockage, de sélection, de retouche et de diffusion qui caractérise la photographie numérique."
"Prendre le temps de voir autrement ces choses qui ne nous sont familières que parce qu’on ne les regarde plus : telle est la philosophie que favorise la forme du journal photographique. Il ne s’agit donc pas d’alimenter le flux visuel qui nous submerge avec toujours plus d’images, mais au contraire d’y ménager des moments d’arrêt, pour libérer un nouvel imaginaire."
Source: Louise Merzeau / "Au jour le jour : autour d'une expérience de journal photographique sur Internet"
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